Trieste. Certaines villes révèlent la désuétude, éparpillée dans le monde, laquelle , lorsqu’elle est magnifiée, peut serrer des gorges, en frôlant la nostalgie qui exacerbe le romantisme brumeux et mélancolique. C’est le cas de Trieste.
Je me suis souvent posé cette question lorsque dans le post-traitement de l’image, une force – j’allais écrire obscure, mais le jeu avec la caméra obscura, la chambre noire était trop facile- m’intime presque l’ordre de convertir en noir et blanc, lequel est souvent concomitant d’une sorte de recherche de l’obsolescence.
Certes, le noir et blanc n’est pas toujours l’ami de la nostalgie. Sa modernité éclate dans la transfiguration du réel et la construction de sa poésie.
Il n’empêche que l’inconscient s’emmêle les pinceaux en le plaçant dans l’ordre du petit spleen.
C’est ici que l’intellect doit reprendre le dessus, en faisant la part des choses, pour s’extirper de l’habitus esthétique. Chose difficile tant il est vrai qu’une telle attitude suppose l’existence d’un sujet conscient, libre, volontaire, apte à départager les sentiments et à s’éloigner du sens commun. Il n’est pas acquis qu’un tel sujet existe. Mais ici, j’arrête. Je ne veux sombrer dans une introduction à l’oeuvre de Spinoza.
PS. J’affirme que ce glissement de Trieste vers le déterminisme spinoziste est venu sous la plume, sans aucune stratégie langagière originelle. Il est inattendu. Ce qui peut ainsi contredire le philosophe, en révélant une part du mystère du sujet qui jaillit des décombres de son inexistence. En réalité, il ne fait que le croire. Et la croyance balaye le sujet tant elle est commune. On retombe sur notre sol. Celui de Trieste, constamment pavé, est dangereux pour les femmes en talons aiguilles. Désuet.