Adultère

Madrid. Se niche toujours une histoire dans une photographie.
Il existe même un site dénommé « The image story » (l’histoire de l’image) qui donne la parole au photographe, lui permettant de s’exprimer sur l’une de ses photos. On découvre, en plus de l’image, l’histoire qui précède la prise de vue, le moment de la prise de vue, le matériel utilisé, etc…
En réalité, il s’agit souvent de photojournalisme et, dans ce champ, l’histoire est facile à raconter, s’agissant justement de photos qui ont vocation à montrer et, partant, à raconter.
C’est lorsque l’invention ou l’interprétation s’en mêle que l’intérêt du récit, métalangage s’il en est, se révèle. Surtout quand l’on croit trouver la perfidie, le pêché ou le mal dans des postures, des gestes des « regardés », ceux qui sont dans la photo.
C’est par cette photographie que j’ai pu comprendre.
Rien que du banal : une petite fille au geste affectueux à l’égard d’un homme qui sourit en regardant tendrement une femme de dos laquelle la somme, tout aussi affectueusement, la suivre par un bras tendu dans une inclination sensible.
Beaucoup vous diront que la photo est belle, la tendresse qui éclate dans ses quatre coins lui conférant son intérêt. En ajoutant qu’il s’agit là d’une famille magnifiquement unie.
Mais un jour, un ami, pourtant pas ténébreux, un homme pas compliqué et sans histoires, me dit, me laissant interloqué :

  • la photo est adultérine
    Je ris, comme toujours quand je ne comprends pas.
    Et il ajoute :
  • la petite fille est en train de demander à un ami de la famille qu’elle aime beaucoup de venir chez eux boire un verre de vin, le père n’est pas là, il est en voyage d’affaires. L’homme regarde amoureusement la mère laquelle, par une pose joyeuse fait mine de vouloir interrompre cette conversation affectueuse. La mère est amoureuse et l’homme est son amant. Evidemment qu’il ne s’agit pas du père : une fille n’est pas comme ça avec son père et un père ne regarde pas comme ça sa femme, avec un sourire enchanteur. Oui, l’homme est son amant. Mais je peux me tromper, il ne l’est peut-être pas encore. En tous cas, il le sera. Cette photo est adultérine.

Je m’interdis de commenter. Sauf peut-être pour indiquer que mon ami étant sans histoires, il s’en invente sûrement.

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