Les ménines

Valence, Espagne. Une amie nomme cette image « Les Ménines ».

Dans un premier temps, on trouve cette légende plaisante, intéressante, valorisatrice et joyeuse.
Puis, le temps du plaisir de l’interpellation mystérieuse passé, on s’interroge sur le lien entre ma photo d’une fin d’après-midi à Valence (Espagne) et le fameux tableau de Velasquez.
Certes dans le tableau du maître et ma photo, un groupe complexe de personnages qui semblent regarder de face le photographe comme les Menines regardent le peintre. Et un chien.
Sauf qu’ici, les mannequins dans la vitrine ont les yeux fixés sur le chien, lequel n’est pas couché dans sa pose esthétique devant le peintre mais passe. C’est d’ailleurs cette relation structurée entre les femmes et l’animal qui m’a fait déclencher. Tout se passait, en effet, comme si on avait disposé les corps dans la vitrine pour, très justement, attendre le chien qui devait passer et être « regardé ».
Il est vrai que, par ailleurs, l’ambiance de « clair-obscur » concourt à l’installation d’une vision « tableau ».
On s’approche un peu plus de la photo et l’on constate que l’un des mannequins, troisième à partir de la gauche ne fixe pas le chien, mais le photographe. Comme chez Velasquez. On s’approche encore, persuadé de trouver sur la vitrine le reflet, le mien, celui du photographe, comme le peintre dans le miroir, au fond du Velasquez.
Mais non, pas de reflet.
On revient donc à l’explication par le clair-obscur. Et l’on peut donc affirmer que prise de jour, la photo n’aurait pas crée cette part de mystère qu’on veut toujours allier à une référence. De peur de sombrer dans un mysticisme qui ébranle trop la quotidienneté.
La légende « Les Ménines », inventèe par mon amie est une « accroche ». Presque un crochet pour ne pas tomber. Et même si je me trompe, je conclus par une formule aussi délicieusement obscure que la trouvaille du titre : la légende est psychanalytique.

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