Le parking à Riga

Riga. Lettonie. Netflix, le producteur des séries avalées jusqu’à l’aube, doit, à l’évidence, participer au déclenchement de ce type de photo : un parking ouvert, la nuit, dans une ville du Nord dont le nom, dans sa consonance exotique, peut constituer le lieu du roman policier venu du froid…
Les séries américaines, et, sûrement, les classiques du cinéma noir et blanc encore policier, nous les ont donné à voir.

C’est ici que l’apprenti théoricien de l’image s’arrête. Il regarde, puis nous dit qu’il ne s’agit que de banales bagnoles dans un parking presque désert, la graphisme est certes un peu présent mais n’explique pas le déclenchement, aucun homme solitaire ou fantasque ne venant perturber la banalité, ni aucune femme, savamment blonde, de polar de pacotille qu’on voudrait, ironiquement, illustrer. Il nous dit que l’image peut être considérée par certain comme belle, « dans sa suspension nocturne, sa déshérence ».
Mais imaginez un martien qui ne connait pas Netflix ou Raymond Chandler, qui n’a pas pas vu crisser son âme dans la nuit insolite et les espaces désertiques qui la sculptent. Il ne verra que des carrosseries qui entourent un moteur à explosion inventé par cet homme qui n’a pas encore découvert comment aller sur Mars en 19 secondes…

L’imaginaire construit la photo. C’est au photographe de le générer. Le photographe recherche une équation qui trouve son origine, non dans la froideur mathématique platonicienne, mais dans les sens, encore une fois dans les sentiments, les émotions. Raison sentimentale. Antonio Damasio et ses neurosciences émotionnelles a raison. Les émotions fonctionnent, en fabriquant de la matière.

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