L’accordéonniste

Ile de Fuerteventura. Corralejo. La « fraicheur » de la photo est souvent évoquée par ceux qui la regardent. La mer, un peu verte, doit participer à l’illusion et, sûrement, le chapeau printanier de la femme. Puis, enfin, une musique « fraiche » au-dessus de tout.

D’autres, plus rares, la trouvent triste, sans me dire pourquoi.

Alors, on cherche les fondements de cette impression. On s’arrête d’abord sur le couple, des touristes, appareil photo de marque en bandoulière, ici pour la journée, ni heureux, ni malheureux, juste normalement touristes.

On se dit que cette banalité exotique est génératrice de tristesse. Non, ça ne suffit pas. Ou sinon, toutes les photos de couple prises sur le vif seraient tristes, on ne veut le croire et seuls les misanthropes patentés, critiques inutiles de la quotidienneté, pourraient le penser.

Puis, très vite, on trouve : c’est l’accordéon. Non pas l’homme à l’accordéon, sûrement un pauvre qui tente de gagner son pain, ce qui peut être triste, non pas lui, c’est l’accordéon.

L’accordéon est un instrument de la mélancolie, de la tristesse amoureuse, de la tristesse tout court. Et même la java endiablée jouée par un accordéon, prétendument rieur et enjoué, est triste. C’est curieux comme un instrument, du son, vient, mystérieusement, perturber une image pour y lester son centre, lequel se love dans un sentiment qui est, comme tous les sentiments, une impression.

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