La beauté encadrée

Inde, région de Chennai (Madras). Cette photographie m’a posé un problème existentiel, presque dans l’angoisse.
J’avais décidé de l’encadrer (juste deux embarcations de pêche dans un petit port en Inde et les pêcheurs.
Une « jolie image », qui méritait son accrochage dans une salle de conférences d’une profession libérale.
Je reçois l’objet de l’encadreur.
Passe à cet instant ma meilleure amie. Elle crie, hurle, une des plus grandes engueulades jamais reçues.
Je ne retranscris pas ici la grossièreté des insultes, je ne décris pas les grands gestes presque violents à mon endroit.
Mais pourquoi ?
J’étais, parait-il, « tombé dans la facilité de la beauté convenue, la carte postale indienne ».
J’ai souri, suis sorti, me suis promené sur les bord de Seine et j’ai déclenché devant une péniche, en premier plan et Notre-Dame au loin.

PS. Je regrette aujourd’hui de ne pas lui avoir proposé de lui donner la jolie photo, dans son merveilleux cadre. Je ne suis pas certain qu’elle aurait refusé. Comme dirait Marx, il y a loin entre la pensée théorique et la pratique, ici celle de la décoration murale.

Les nuques

Gand, Arles, Paris. Dans un jeu enfantin, on s’amuse souvent à poser la question de savoir ce qu’ils peuvent se dire, lorsqu’ils sortent de leur mutisme enlacé. Une telle imagination suppose celle de l’expression de leur visage de face. Mais, comme je l’ai écrit ailleurs, la vue de dos est une autre face qui donne à voir toutes les « facettes » des visages. On devine assez bien qui ils sont. Et on peut donc inventer leur conversation. « Les nuques parlent » m’a sorti un ami.