Golem

Bilbao. J’ai failli m’approcher et donner l’accolade à l’homme.

Je me disais, en effet que sans la statue à ses côtés, c’était un homme à qui l’on pouvait taper amicalement sur l’épaule dans un bar espagnol devant une bière et un Jamon de bellota finement tranché devant nous par un vieux serveur un peu chauve.

Mais non, j’ai pris la photo, une chance de photo, et je l’ai regardé de loin.

Il est resté longtemps dans la position volée par l’appareil.

Pendant des années, je me suis demandé ce qui m’attirait dans cette photo, une des rares que, devant une cheminée, je sortais du carton ou tentais de la dénicher dans le livre fabriqué en ligne dans lequel elle se trouvait.

Certes, la pose symétrique de la statue et de l’homme est, évidemment, « troublante ». Mais celà ne me suffisait pas pour expliquer une exception signifiante.

Puis un jour, j’ai cru avoir trouvé : l’homme est devant son double. Immobile, dans une fixité qui frôle le néant, il ne comprend pas.. Figé, fasciné, il attend un mouvement, un souffle, une vibration primaire, créatrice. Presque devant le Golem.

C’est un moment unique dans sa vie, à cet homme, il est dans le mystère de la création, absolu.

Sa pose, dans une sorte de mimétisme de profil, est métaphysique.

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